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Arles 2025. L’Australie, entre indocilité et attachement ancestral
On Country. Des photographies d’Australie aussi complexes que peut l’être ce continent. Une vision nouvelle et belle, très différente du regard documentaire de l’ethnologue.

Dans cette exposition dans la majestueuse église Saint-Anne, un lieu important des Rencontres photographiques d’Arles, le titre général « Images indociles » prend une tonalité très différente de l’autre exposition « Futurs ancestraux » (voir). En effet, dans cette dernière la vision du théâtre brésilien y semble fondamentalement radicale.
L’esprit est différent pour la scène australienne, car il y est traité de la complexité d’un continent et de la multiplicité des peuples premiers (250 groupes linguistiques ou countries). Ces derniers utilisent le terme « country » pour décrire non seulement les territoires mais les terres, les cours d’eau, les mers et le cosmos auxquels ils sont reliés et dont les peuples prennent soin.
Certes la photographie d’Australie, très dense, explore les relations anciennes et nouvelles entre Pays et colonialisme, communauté et identité. Mais on est à l’opposé du discours étatsunien.
Les artistes saisissent avant tout la fragilité de leurs territoires et de leurs populations.
Autre caractéristique, la photographie qui est exposée n’est pas une documentation ethnographique, mais une mode d’exposer une vérité et des attitudes de coopération entre artistes ou populations, tout en rendant visible les potentialités du passé.
Les countries
Tony Albert, David Charles Collins et Kieran Lawson
Ils travaillent ensemble avec la communauté isolée de Wara Kurna. Le premier est un artiste autochtone de la tribu Kuku Yalanji. Ils ont produit une série « Super-Héros de Warakurna » où les enfants choisis ont confectionné eux-mêmes leur costume aux couleurs du drapeau autochtone. Un message optimiste de la nouvelle génération, qui s’approprie un univers et se projette dans un avenir qu’ils souhaitent créer à partir de décharges de voitures, traces du colonialisme.
Lisa Sorgini
Dans sa série « The Bushfire, the Floods » elle traite des effets du changement climatique (feux et montée des eaux), et évoque la difficulté d’élever des enfants dans de telles conditions. Ses photos sont magnifiques, mais de facto indociles puisqu’elles évoquent le mouvement d’effacement des communautés.
Maree Clarke
Née en 1961 à Melbourne, est une précurseuse du renouveau de l’art contemporain autochtone. En l’absence de noms autochtones dans les collections historiques et pour inviter à réfléchir à la tradition d’effacement de ces communautés, elle a réalisé une série sur 84 peuples « Rituel et cérémonie ». Les portraits incarnent chaque Pays avec de l’ocre blanche sur les visages et les cheveux, les motifs des Tee-shirts faisant référence aux marques de scarification et aux peintures cérémonielles. Elle lie ainsi culture autochtone et pratique contemporaine.
Jean Deuzèmes
Pour découvrir cette exposition avec deux courtes vidéos
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